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Exemple de comment l’écriture dite inclusive est imposée par les conseils d’administration

Témoignage de Jean-François Plante-Tan, fondateur de Pour l’amour du français

Alors que j’étais étudiant de 2e cycle à Montréal (2019-2024), j’étais membre de l’Association des étudiants du cycle supérieur de HEC Montréal. 

Comme je trouvais impossible de lire les communications truffées de points médians, doublets et autres néologismes, j’ai participé une assemblée générale (22 novembre 2023) pour déposer une proposition de proscrire l’écriture dite inclusive au sein des communications de l’AECS-HEC Montréal afin que les communications demeurent claires, compréhensibles et apolitiques. 

Même si l’exécutif a accepté de mettre la proposition à l’ordre du jour, ils ont trouvé un moyen de mettre fin au débat avant même que le vote soit demandé. 

Pour ce faire, ils ont « constaté » que le quorum n’était plus atteint et que par conséquent, il fallait lever l’assemblée. J’ai été étonné de l’usage de cette technique alors que nous savons tous pertinemment que les associations étudiantes arrivent très rarement à obtenir le quorum requis pour tenir une assemblée générale. 

Ceci est un exemple de la façon dont les conseils d’administration manipulent les procédures afin d’adopter l’écriture dite inclusive et pour éviter le débat puis le vote. Est-ce par crainte que les membres voteront pour mettre fin à son usage? Je ne vois pas d'autres raisons. 

À noter que la présidente membre de l’exécutif qui avait adopté l’écriture dite inclusive et le président suivant sont tous intervenus pour défendre leur mandat, en répétant exactement les erreurs que font les gens par rapport à l’écriture inclusive. Le deuxième a également eu la créativité d’employer une méthode de relativisation des mots pour torturer mes propos, alors que dans une conversation précédente il était d’accord avec moi que l’écriture dite inclusive est embêtante.

Lorsque j’ai demandé le procès-verbal de l’assemblée générale, ils n’ont pas rédigé ma proposition dans sa forme originale. Sûrement pour effacer le plus possible mon intervention. Certains diront que c’était pour alléger le procès-verbal. Mais j’en doute, car nous savons tous combien les membres des exécutifs sont passionnés par les procédures et l’exactitude. 

Je ne peux qu’en venir à la conclusion que ceci représente à petite échelle ce qu’il se passe dans les conseils d’administration où l’écriture dite inclusive a été imposée, sans débat ouvert et sans vote, notamment par ceux dont l’usage du français est au cœur de leurs tâches et responsabilités.

Si vous avez vécu une expérience similaire ou si vous avez l’impression de vous faire harceler pour l’utiliser, écrivez-nous info@pouramourfrancais.org.Intégrale de l’intervention

Depuis l’été 2021, l’AECS semble prendre différentes mesures pour s’inscrire dans l’air du temps et tente différentes expériences linguistiques, soit celles de l’écriture dite inclusive.

C’est à l’été 2021 que j’ai eu mon baptême inclusif lorsque j’ai reçu un courriel qui était inondé de points médians, de parenthèses et de barres obliques. Je ne comprenais rien au contenu. Je leur ai donc demandé s’il était possible de me renvoyer le courriel, cette fois, rédigé dans un français clair et compréhensible. On m’a répondu que mon incapacité de lire cette nouvelle forme d’écriture était un mal pour un bien, soit celle de la quête éternelle de l’égalité des hommes et des femmes. Ce message coloré m’a fait comprendre que les administrateurs sont tombés dans le piège de l’écriture dite inclusive, soit celui de confondre le genre grammatical et le sexe biologique.

À ce moment-là, je me disais qu’en tant que membre de l’AECS qui cotise pour des services et en tant que Québécois ayant le droit d’être servi en français, on ne m’offrait ni l’un, ni l’autre. Ça m’a choqué. Je me posais la question : mais qui sont ces gens pour imposer de nouvelles pratiques langagières si elles rendent la langue française incompréhensible ? Je ne suis certainement pas le seul ici à le penser.

J’étais d’autant plus choqué, car en m’informant sur cette étrange pratique qu’est l’écriture dite inclusive, j’ai appris que c’est un acte politique qui divise ses usagers dans le camp des bons et ceux qui la refusent dans le camp des méchants. Si l’AECS l’ignorait, alors je leur en informe, il est écrit noir sur blanc dans les textes théoriques et est implicite dans les guides pratiques. En tant que membre de l’AECS, je trouve inacceptable que ces administrateurs instrumentalisent la langue française de cette manière. La langue française est un bien commun et ne devrait pas être instrumentalisée à des fins politiques.

C’est pourquoi, pour remédier à cette situation, je propose que l’AECS se dote d’un guide d’usage d’un français clair et compréhensible. Ce guide permettra à l’AECS de cesser la politisation de la langue française par des pratiques qui compliquent l’usage du français. Ce guide facilitera aussi le travail des administrateurs, afin qu’ils n’aient plus à se fendre en quatre pour tenter d’évacuer certains mots de leur communication. Je tiens à rassurer les membres et les administrateurs de l’AECS, que nous n’avons pas à suivre dans les pas de HEC Montréal, ni la FAECUM ni la FEQ. Nous pouvons en fait être pionniers en la matière et montrer l’exemple aux autres: qu’on tient à ce que le français employé par l’AECS soit compris de tous. Nous pouvons nous inspirer de la Suisse, qui a adopté un tel guide, qui ne fait que 10 pages.

Qu’est-ce qu’on retrouverait dans le guide ? Il y a aurait, bien sûr, des éléments fondamentaux en linguistique comme les points suivants :

  1. Le genre grammatical décrit le fonctionnement de la langue et catégorise les mots en classe nominale. Le genre grammatical ne doit pas être confondu avec l’équivalent anglais « gendre » et ne doit pas être confondu avec le sexe biologique mâle et femelle. Par exemple, un crayon et une efface sont sur la table, ils sont sur la table, il n’est pas question ici de mâle et de femelle. Cela va pour tous les mots communs de la langue française. Si on dit « vous courez comme une tortue », ça ne fait pas de vous une femelle.

  2. La langue est un code, pas une série de formules magiques. La langue vient après la pensée, et non l’inverse. Cela veut dire que toute tentative d’évacuer des mots du langage courant ou de changer des formulations n’auront aucun impact sur la pensée d’une personne. Cela s’explique par le fait que les mots ne sont pas porteurs de sens en tant que tel. Par exemple, si je parle du capitalisme ou du communisme, cela ne veut pas dire que je suis un ou l’autre.

  3. Sur ce point, un mot, une phrase et un paragraphe prennent tout son sens dans un contexte donné et l’intention du locuteur. Par exemple, si l’AECS annonce que « les étudiants sont invités au 5@7 », cela signifie tous les étudiants. Si l’AECS annonce « seuls les étudiants de la maîtrise en finance sont invités au 5@7 » cela est aussi clair. Mais si quelqu’un prend offense que le masculin générique est employé, ce n’est pas la faute de la langue, ni de l’AECS, c’est la faute de la personne qui ne comprend pas comment fonctionne le genre grammatical de la langue française. On pourrait en dire tout autant de n’importe quelle autre langue qui n’a aucun genre, 2 genres, 3 genres ou même 16.

  4. Enfin, le guide mettrait l’accent sur le principe de l’économie de la langue, principe instinctif chez les êtres vivants de s’exprimer avec le moins de mots possible tout en étant le plus clair possible. Cela éviterait aux administrateurs de faire des formulations qui alourdissent et compliquent l’usage du français, tant dans ses documents que ses communications. En effet, j’ai déjà lu « les personnes membres de la communauté étudiante » Je suis désolé, mais c’est ridicule. Le mot exact est « étudiant » et il fait exactement son travail, celui de désigner une personne qui a prix le choix d’étudier.

En résumé, je propose que l’AECS adopte un guide d’usage d’un français clair et compréhensible.

Que l’AECS fasse appel à un linguiste intellectuellement honnête (comme Sophie Piron, professeure en linguistique à l’UQAM qui a récemment publié un article qui invalide les théories de l’écriture dite inclusive. Le titre est : Le masculin polémique : contre-argumentaire historique sur le e féminin et les noms de métiers, Circula, 2022).

Que l’AECS évite de faire appel aux services de militants qui s’improvisent linguistes, et qui embrouillent davantage le débat qu’ils ne l’éclairent.

Et enfin, que l’AECS inclut dans le guide de l’information essentiel pour comprendre ce qu’est une langue, comment fonctionne le genre grammatical et l’importance de l’économie de la langue. Ce guide inclurait des principes pour guider les administrateurs afin que l’AECS émet ses documents et ses communications dans un français clair et compréhensible pour tous ses membres, peu importe leur niveau de français.

Je crois qu’un tel guide pourrait remédier à cette situation et faciliter au sein de l’AECS l’usage d’un français clair et compréhensible pour tous ces membres

Si vous avez des questions par rapport à ce que j’ai dit, n’hésitez pas.

Je vous remercie énormément pour votre écoute.

Jean-François Plante-Tan Candidat à la M.sc. en entrepreneuriat-innovation Membre de l’Association étudiante des cycles supérieurs HEC Montréal

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